
27 janvier 2025
Incertitudes nationales et internationales, restrictions budgétaires, la Collectivité européenne d’Alsace maintiendra le cap en s'appuyant sur les valeurs sûres de l'Alsace. Outre l'action sociale qui constitue la plus lourde dépense de la CeA, le sujet de STOCAMINE, le RPASS mis en service à compter de 2027, les projets de la Collectivité ne manquent pas. En ce début d’année, période propice aux vœux, Frédéric Bierry, Président de la Collectivité européenne d’Alsace s’est confié à notre micro quant aux défis à venir en cette nouvelle année 2025, après avoir dressé un bilan sur 2024.
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Comme le veut la tradition, chaque début d'année est marqué par les différents vœux à la population. C'est l'occasion aussi de faire un bilan sur les 12 mois passés et de présenter les projets à venir en cette dernière année complète de mandat. Frédéric Bierry, vous êtes le Président de Collectivité européenne d’Alsace, bonjour.
Bonjour.
Pour commencer, quels vœux adressez-vous à vos concitoyens ?
Alors d'abord des vœux de bonne santé, parce que je le vois en vieillissant, on pensait toujours que la santé elle est garantie, ce n'est pas toujours le cas, donc du coup avant tout santé, plein de petits bonheurs aux Alsaciennes et aux Alsaciens, faire en sorte qu'ils aient confiance dans leur territoire, qu'ils aient confiance aussi dans leur travail, dans la vie associative sur le territoire. On a la chance d'avoir une forte vitalité encore en Alsace et donc j'espère qu'on va pouvoir continuer à s'appuyer sur cette vitalité. Pour moi, les valeurs de l'Alsace ce sont des valeurs sûres dans un contexte international compliqué, ça me semble essentiel de pouvoir s'ancrer sur les valeurs sûres, les valeurs du travail, de l'engagement, du respect, de la fraternité, tout ça ce sont des valeurs qui sont ancrées en Alsace et j'espère qu'elles pourront encore se développer cette année.
Quand vous dites justement on a de quoi être inquiet, vous pensez à quoi ?
Il y a beaucoup de sujets, notamment géopolitiques internationaux, quand on voit les guerres, les aléas climatiques avec les feux, les incendies, les inondations, on voit bien que le monde est sujet à de plus en plus de chaos et de difficultés et dans ce contexte-là, bien évidemment, on peut être inquiet. Dans ces moments-là, je crois qu'il faut se resserrer sur les valeurs sûres et je disais que l'Alsace est une valeur sûre, les Alsaciens sont une valeur sûre. Dans les cérémonies de vœux, j'en faisais cette petite remarque, je disais regardez votre voisin de gauche, regardez votre voisin de droite, c'est une valeur sûre. Parce qu'on a la chance d'avoir énormément de gens qui s'impliquent sur notre territoire, qui mènent des actions au quotidien pour améliorer la vie quotidienne, pour faire en sorte qu'on ait la chance de faire du sport, de profiter d'événements culturels. On a une vitalité encore du territoire qui est très forte, un cadre de vie très agréable, il faut le préserver. Tout ça, ça dépend de chacune et chacun d'entre nous. Face à tous les enjeux de la société, on a besoin de tout le monde.
Il faut maintenir le cap, c'est votre défi ?
Oui, aujourd'hui contre vents et marées, il faut maintenir le cap de la solidité de l'Alsace, l'Alsace est robuste. Et moi, mon travail au quotidien, c'est consolider cette robustesse en agissant au quotidien, d'abord pour soutenir les familles. Aujourd'hui, on a de plus en plus d'enfants placés, plus de 5 000 qui sont placés sur le territoire, parce que certaines familles sont défaillantes ou il y a parfois des violences dans certaines familles. Donc nous, on agit pour toujours plus trouver des solutions pour ces familles. On voit qu'en parallèle, les maisons de retraite sont en difficulté, les EHPAD sont en difficulté, 70% d'entre elles en 2024 étaient en déficit. Donc là, on a renforcé nos moyens pour aider les EHPAD et éviter qu'elles tombent dans la faillite. Donc ça, c'est aussi des sujets qui sont pour moi très importants. Donc d'abord dans l'humain, ensuite dans notre capacité à préserver notre planète. Parce qu'on le voit bien, notre planète est menacée et on n'est pas à l'abri non plus en Alsace, par exemple, en ce moment, moi je me bats pour qu'on puisse sortir les déchets de Stocamine, plusieurs dizaines de milliers de déchets. On poursuit toute une série de recours pour garantir qu'on retire ces déchets de notre sous-sol. Il s'agit de l'enjeu de la nappe phréatique. C'est l'or bleu de l'Alsace, la nappe phréatique. C'est l'une des plus grandes nappe phréatiques d'Europe. Si elle est polluée, un jour elle le sera, si nous ne sortons pas ces déchets. Parce qu'on nous parle de plusieurs siècles, mais on est comptable des générations futures. Moi je ne veux pas donner aux générations futures une Alsace polluée. Donc ça c'est un vrai sujet. En parallèle, nous poursuivons le travail sur la taxe poids lourds. Nous avons choisi les entreprises qui vont mettre en place cette taxe. C'est des gens qui ont déjà fait ça dans d'autres pays. C'est une entreprise allemande et une entreprise française qui collabore pour cela. C'est aussi là pour limiter la pollution atmosphérique, la pollution sonore, pour améliorer la sécurité de nos concitoyens, réduire le trafic, améliorer la fluidité. C'est aussi là protéger la qualité de notre air à travers ces décisions que nous avons prises. L'humain, la planète, la robustesse de l'Alsace à travers sa capacité à agir. C’est pour ça que je défends mordicus, parce que c'est la volonté des Alsaciens le retour d'une Alsace institutionnelle, d'une région Alsace à part entière.
Justement, alors ça, l'Alsace aujourd'hui, est-ce qu'on s'en éloigne ou est-ce qu'on s'en rapproche ?
Je ne sais pas si tout le monde a vu les interventions du Premier Ministre, mais qui a rappelé combien les grandes régions n'avaient pas amené de valeur ajoutée au territoire et que lui comptait plutôt sur les départements pour entamer une refondation de la décentralisation. Donc c'est une position claire du Premier Ministre, qui me l'avait dit d'ailleurs avant d'être Premier Ministre que j'avais l'occasion de le rencontrer il y a quelques semaines. Je vais bientôt voir, le ministre des Collectivités, lui-même m'avait dit il y a quelques temps qu'il voulait chez lui, parce qu'il était maire de Dijon pour le rappeler en parallèle, le retour d'une région Bourgogne. Vous savez que là aussi c'est une grande région qui a fusionné, qui n'apporte pas une grande valeur ajoutée, qui coûte plus cher, qui complique la vie de nos concitoyens. Donc il est aussi dans cet état d'esprit-là. Le Président de la République, quand je l'ai vu, il voulait aussi évoluer. Donc je pense qu'en tout cas, il y a une volonté. Tout dépend du temps qu'ils auront pour mettre en œuvre aussi leurs actions, puisque s'il y a une nouvelle dissolution, s'il y a une nouvelle motion de censure, bien évidemment, on ne connaît pas encore aujourd'hui l'avenir du Premier Ministre. Donc ça, il faut rester prudent. Mais en tout cas, aujourd'hui, j'ai plutôt des interlocuteurs qui sont favorables à notre démarche. Et donc on va se saisir de cette opportunité pour poursuivre l'action, enfin, on n'avait jamais arrêté, mais on reste bien évidemment complètement déterminés sur le sujet. Parce que fusionner deux collectivités, ensuite c'est beaucoup plus simple pour nous, plus simple à comprendre, plus efficace dans l'action publique. Ça coûte moins cher. On est sur le périmètre qui correspond à la vie quotidienne des Alsaciens. Le périmètre Grand Est, c'est un périmètre trop grand. Moi, je n'ai rien contre cette organisation, mais c'est le périmètre qui ne correspond pas à la réalité de la vie des gens. Aujourd'hui, on dit qu'il faut réduire la pollution, il faut réduire les déplacements. Et là, on a augmenté les déplacements, les coûts de déplacement, du coup les charges aussi de ces collectivités. Il faut loger dans des hôtels les élus quand ils se déplacent, etc. Ça n'apporte pas d'amélioration du service public rendu. Les gens aujourd'hui veulent l'efficacité du service public, ils veulent que le service public coûte moins cher. En fusionnant le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, on avait réduit de 12 millions les dépenses administratives. Je suis persuadé qu'en fusionnant la collectivité européenne d'Alsace sur le périmètre Alsace avec les compétences de la région Grand Est, on pourrait réduire largement de 30 à 40 millions les dépenses administratives, la machinerie administrative, pour redonner plus de moyens à la culture, au sport, aux entreprises, à la jeunesse, etc. Donc aujourd'hui, il faut arrêter les mauvaises dépenses.
Retrouvez les vœux des différentes personnalités politique du territoire tout au long des prochains jours sur notre site internet, dans la rubrique actu régionales.
Propos recueillis par Franck JEHL (AZUR FM) / © Crédits photo : Franck Jehl