Rencontre avec le Docteur Philippe Boxho, de passage en Alsace


16 octobre 2024

De passage en Alsace, le Docteur Philippe Boxho, le plus célèbre des médecins légistes, a donné une conférence ce mardi 15 octobre, en partenariat avec le journaliste et auteur alsacien Jean-Marie Stoerkel. En amont de celle-ci, Azur FM en a profité pour le rencontrer et évoquer en toute simplicité ses livres ou encore son métier pour le peu insolite. 

Ecoutez l’entretien avec le Docteur Philippe Boxho.

Les interviews sont également à retrouver sur les plateformes Spotify, Deezer, Apple Podcasts, Podcast Addict ou encore Amazon Music.

« C’est des histoires où j’ai le beau rôle »

C’est en 2021 que l’aventure littéraire du Dr Boxho commence. Contacté par les Editions Kennes - une maison d’édition belge - qui avait le projet de mettre en avant le métier de médecin légiste, Philippe Boxho a vu l’opportunité de faire passer un message fort. A travers son premier ouvrage, Les Morts ont la parole (2022), il décide de conter des anecdotes médico-légales, des situations que l’on ne rencontre qu’une seule fois, même en tant que médecin légiste. Ces premières 192 pages se montrent pleines d’histoires aussi macabres que divertissantes, laissant deviner l’humour du docteur originaire de Liège. 

Le second ouvrage, Entretien avec un cadavre (2023), a cependant marqué un tournant dans les histoires évoquées. A la suggestion de l’éditeur, le Docteur Philippe Boxho va, avec ces 216 pages, raconter la médecine légale de tous les jours, celle dite de « terrain ». Un choix éditorial préservé pour le troisième livre, La Mort en Face (2024), dans le but de faire connaitre le métier, souvent idéalisé à la télévision ou au cinéma. Au cœur de ces pages, de véritables affaires, bien que légèrement romancées, dans lesquelles l’auteur implique ses amis. « Je leur demande, tu veux tuer ta femme ? Tu veux qu’elle te tue ? » nous raconte-t-il avec amusement. 

Synthétiquement, Philippe Boxho rapporte l’intérêt de ses livres en trois buts : sortir le métier de l’ombre, porter à la connaissance du public le vrai visage de la médecine légale et interpeller le gouvernement belge qui les ignore. Le Docteur souligne également la disparition de pratiquants. On dénombrait 42 médecins légistes en 2000 contre 24 - 12 diplômés et 12 en formation - aujourd’hui. 

« La réalité n’est pas la fiction »

Souhaitant d’abord rentrer dans les Ordres, Philippe Boxho est finalement passé de l’Eglise à la morgue par un concours de circonstances. Son inscription en médecine, véritable fruit du hasard, s’est révélée être la chose à faire, tant ses études ont répondu à son besoin de curiosité. D’abord médecin généraliste, l’auteur de La Mort en face s’est tourné vers la médecine légale quelques années après. 

Entre la fiction et la réalité, il n’y a au final que la réalité qui les sépare. Dans les fictions, aussi bien littéraires qu’audio-visuelles, il faut se tenir à des faits qui semblent réalistes, or, « la réalité dépasse souvent l’entendement » précise le Docteur Philippe Boxho. Un entendement tellement dépassé, qu’il interpelle sur la réalité des histoires racontées dans les livres. Cependant, un point irréaliste subsiste dans les œuvres de fictions, les médecins légistes qui parlent aux cadavres. Connu comme étant « celui qui fait parler les morts », le légiste belge affirme ne pas leur adresser un seul mot, « celui qui parle avec un cadavre règle un problème avec lui-même ». 

« Le crime parfait est inhumain »

Selon Philippe Boxho, toutes les clés pour réaliser un crime parfait sont données dans différentes œuvres, comme Sherlock Holmes de Conan Doyle ou dans des séries américaines. « Celui qui se fait encore coincer pour un assassinat est con ». Le Docteur insiste également qu’afin d’y parvenir, il faudrait ne pas faire preuve de sentiments. Ces derniers seraient la source de ce que l’on peut appeler les « erreurs ». La tâche du médecin légiste réside dans le fait de trouver ces erreurs afin de déceler le crime. 

Propos recueillis par Thibaut KEMPF et Solène MARTIN (Azur FM) / © Crédit photo : Azur FM