Ce mercredi 29 mai s’est tenu le Conseil Municipal de Sélestat, où les finances et les budgets de l’année 2023 ont été le point majeur à l’ordre du jour. Les élus se félicitent d’un niveau d’investissement record, alors que l’opposition souhaite tempérer cet optimisme en évoquant de nombreux points de divergence.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, l’ensemble du conseil a tenu a félicité les services pour avoir pu soumettre le compte administratif dès le mois de mai et non en juin comme les autres années. Jean-Pierre Haas, du groupe minoritaire « Bien vivre ensemble et bien faire ensemble à Sélestat » (BVEBFE) adresse également ses félicitations mais évoque d’emblée des réserves qui seraient en baisse d’année en année ainsi qu’une impasse en ce qui concerne la trésorerie. Marcel Bauer, maire de la ville, justifie la demande d’un prêt qui était nécessaire pour mener à bien les différents investissements.
Philippe Desaintquentin, rapporteur du dossier et adjoint au maire en charge des Finances, débute avec le compte de gestion 2023. Ce dernier permet de retracer les opérations budgétaires en dépenses et en recettes. En 2023, ce sont plus de 53 millions d’euros qui ont été dépensés, tout budgets confondus, contre environ 38 millions d’euros l’année précédente. Il rappelle que beaucoup de projets se concrétisent et que le niveau d’investissement est remarquable, en respectant le budget et sans augmenter les impôts des Sélestadiens, malgré la hausse des prix, notamment du gaz ainsi qu’un contexte défavorable. « Les finances de la ville ont été impactées par la poussée inflationniste liée au contexte géopolitique », souligne l’adjoint.
Nombreux sont les projets à avoir vu le jour ces derniers mois. Le complexe sportif Charlemagne a notamment joué un rôle important pour les investissements. Pour l’année 2023, le taux d’exécution des investissements a presque atteint les 80%, un record d’après le maire.
Philippe Desainquentin a tenu a rappelé que la consommation électrique de Sélestat avait baissé de 35%, notamment grâce à l’extinction de l’éclairage public la nuit. Denis Digel, du groupe BVEBFE également, tient à nuancer cette baisse de consommation. Il rappelle que, comme pour les années précédentes, le budget pour la Bibliothèque Humaniste s’élève à 1,2 millions d’euros. 272 000€ de fluides sont dépensés contrairement aux 60 000€ qui avait été annoncés lorsque l’entreprise a livré le chantier. Jacques Meyer, premier adjoint au maire chargé du Patrimoine et des Grands travaux, confirme que les coûts ont augmenté mais que les consommations ont aussi diminué de 9% en 2023. A la suite de multiples remarques, une étude a été réalisée, notamment pour savoir s’il était possible de réduire la consommation énergétique de la bibliothèque. La réponse est claire, il n’y a rien à faire à l’heure actuelle. Le bâtiment doit être chauffé pratiquement toute l’année mais aussi parfois être refroidi, en raison des différents documents qui s’y trouvent.
Le débat est lancé par Caroline Reys, du groupe minoritaire « Sélestat terre humaniste » qui rappelle qu’en 2022, les termes de « vigilance » et de « sobriété » étaient utilisés pour le compte administratif. « Le moins qu’on puisse dire, c’est que la sobriété n’était plus de mise en 2023 », avance la conseillère municipale. Selon elle, les chiffres explosent, notamment au niveau des dépenses et des emprunts. Elle avance que les impôts et les taxes n’ont peut-être pas augmenté mais le produit fiscal oui, de plus d’un million d’euros.
Caroline Reys dénonce le manque de retour concernant les investissements en termes de sécurité. Ce à quoi le maire répond que les chiffres sont présents, la délinquance est en baisse à Sélestat et les investissements, notamment 400 000 € dans l’installation de caméras, fonctionnent. « Au niveau de la sécurité, on n’a pas à rougir à Sélestat », affirme le maire. Ce dernier explique que, notamment lors des conférences du CLSPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance), les résultats sont positifs et les actes d’incivilité et de délinquance sont en chute. « Je n'ai jamais regretté d’avoir mis en place cette politique de vidéoprotection pour nos concitoyens, les résultats sont là aujourd’hui », finit-il par dire. Caroline Reys demande tout de même un bilan d’activité de la police, pour mieux se rendre compte du travail réalisé grâce aux investissements.
Pour l’opposition, les nouvelles règles de stationnement ne sont pas adaptées. Bertrand Gaudin évoque également un manque de concertation à ce sujet. Caroline Reys pointe du doigt la rentabilité des nouveaux horodateurs, à l’investissement de 220 000 €. Elle avance que les redevances et les forfaits payés par les usagers progressent de 90 000 €. Cette situation serait en contradiction évidente avec les ambitions du maire de soutenir le territoire et l’économie locale. Ces changements ne satisferaient ni les commerçants ni les usagers, l’opposition demande de nouvelles consultations.
Face à ces protestations, Philippe Desaintquentin explique qu’il était nécessaire de changer ses horodateurs pour un meilleur rendement. « Si dans une collectivité on n’est pas prêt, pour aller acheter quelque chose, pour aller au restaurant ou pour boire un coup, à dépenser 90 centimes ou faire 250 mètres et poser un disque bleu, il faut m’expliquer » répond l’adjoint aux finances. Il continue en prenant pour exemple la ville écologiste de Strasbourg et les tarifs du parking sous-terrain de la gare, exorbitants à côté des tarifs sélestadiens. Le maire reconnaît l’augmentation des redevances et des forfaits de stationnement mais ajoute que les sélestadiens trouvent de la place dans Sélestat pour se garer et que cela reste une bonne politique de stationnement.
Denis Digel remet sur la table le sujet des voiries ainsi que les travaux non achevés et sans cesse reportés depuis des années. « Le budget pour les grosses réparations de voiries a été réduit de 50%, à l’image de l’état déplorable de la porte de Strasbourg et de nombreux chemins forestiers. » Pour lui, cela devrait être une priorité notamment pour les différents chemins concernés qui sont dans un état catastrophique voire dangereux pour les passants. L’enveloppe de 40 000€ est jugée insuffisante et n’est jamais utilisée dans sa totalité. De même pour la Rue de la Forêt, l’opposition demande des précisions à ce sujet.
Le maire confirme que des efforts sont nécessaires à ce niveau. Les travaux débutés la semaine dernière mais de nouveau arrêtés seraient dû à une nappe phréatique trop haute. Lorsque les ouvriers ont commencé à creuser, ils sont directement tombés sur de l’eau et n’ont donc pas pu poursuivre les travaux. Un problème récurrent dans le quartier Est de Sélestat, encore davantage après les fortes pluies de ces dernières semaines. Le maire affirme que les travaux de la rue devraient être finalisés cette année.
Avant de procéder au vote, Stéphane Romy, conseiller municipal en charge de l’Habitat, a souhaité préciser qu’une impasse de trésorerie ne signifie pas impasse budgétaire. Le compte administratif a finalement été adopté avec 23 voix pour et 9 abstentions.
Un autre point majeur a été abordé lors de ce conseil municipal, celui de la 95ème édition du Corso Fleuri, notamment pour une convention entre la ville de Sélestat et l’Office de Tourisme intercommunal Sélestat Haut-Koenigsbourg Tourisme. Manifestation estivale phare de la ville de Sélestat, la mise en place de tribunes comportant des places assises payantes permet aux visiteurs d’assister aux cortèges depuis une place assise. Pour répondre aux demandes des particuliers et des organisateurs de voyage, il a été nécessaire de mettre en place une prévente des billets en amont de l’évènement. La gestion de cette prévente sera donc confiée au SHKT à travers la mise en place d’une convention. Ce dernier, du fait de ses bureaux répartis géographiquement sur l’ensemble du territoire et leur accessibilité, permettra de faciliter la promotion de la manifestation auprès du public touristique.
En revanche, le maire a tenu a rappelé que l’évènement se retrouve chaque année un peu plus menacé par des mesures drastiques, combiné avec le plan Vigipirate toujours en vigueur. Il apporte des précisions.
En fin de conseil, le projet Pestalozzi « Notre école faisons la ensemble » a été évoqué par Geneviève Muller-Stein, adjointe chargée de l’Education, pour une convention avec le rectorat. L’opposition a tenu à féliciter ce projet ainsi que l’engagement des équipes pédagogiques. Le dernier point était consacré à la désignation d’un nouvel estimateur des dégâts de gibier pour la période des baux de chasse de février 2024 à février 2033. Après approbation, Vincent Dutter a été désigné en tant que nouvel estimateur, succédant à Simon Rohmer.
Propos recueillis par Anaïs Follenius (AZUR FM) / Crédit photo : Anaïs Follenius