Sélestat : Des incertitudes concernant la Zone d'Activité Sud


30 mai 2025

Le Conseil municipal de Sélestat s'est réuni ce mercredi 28 mai. Sans points particulièrement houleux à l'ordre du jour, l'essentiel des débats s'est concentré sur la concession d'aménagement de la zone commerciale sud, où la situation de Bricorama cristallise les tensions.

La Ville de Sélestat et CITIVIA SPL ont conclu le 19 avril 2017 une concession d'aménagement pour la réalisation de la zone commerciale sud, fixée à huit ans. Jacques Meyer, adjoint en charge de l'aménagement, a expliqué que l'opération avait été considérablement perturbée par les périodes de confinement liées au Covid-19, mais surtout par des recours sur le permis de construire du projet de magasin de bricolage (lot B), qui ont duré pas moins de 45 mois. Ces délais ont empêché la commercialisation complète des lots et retardé la finalisation de l'aménagement. Il a alors été proposé, durant ce conseil municipal, de prolonger la durée de concession jusqu'à la fin de l'opération prévue pour fin 2027. 

L'épineuse question Bricorama

Denis Digel, membre du groupe "Bien vivre ensemble et bien faire ensemble à Sélestat", a soulevé plusieurs interrogations restées sans réponse précise selon lui : "Quel est l'avenir de la partie non commercialisée ? Sera-t-elle vendue en un ou plusieurs lots ? Les nouvelles échéances sont-elles tenables avec seulement 18 mois restants ?". 

La situation de Bricorama cristallise les tensions. Jacques Meyer a précisé qu'aucun courrier formel n'avait été reçu confirmant le désistement de l'enseigne. Au 30 juin, Bricorama sera convoqué pour signature : soit l'entreprise honore ses engagements, soit elle devra verser une indemnité de 500 000€ à la ville. "Nous n'avons pas plus d'informations à ce stade", a admis l'élu.

Visions opposées sur l'aménagement

Caroline Reys, élue du groupe "Sélestat terre humaniste", a exprimé une vision critique du projet, déplorant une "entrée de ville ratée, marquée par la malbouffe et la bétonisation". Elle regrette que les "considérations financières priment sur le service aux habitants" et dénonce "un terrain d'affrontement entre sociétés dont on ne connaît ni les noms ni les représentants".

Le maire, Marcel Bauer, a vivement réagi, défendant le travail de CITIVIA. Il a rappelé les réalisations positives : cinéma, bowling, hôtel, soulignant que ce projet répond à une attente de vingt ans pour doter Sélestat d'un complexe cinématographique. "Si la nourriture était si mauvaise, il n'y aurait personne ! Ce n'est pas parce que vous considérez que c'est mauvais que les gens le pensent aussi", a-t-il lancé à Caroline Reys. Il ajoute : "Si cela avait été plus rapide au niveau de la justice, on n'aurait pas perdu autant de temps et d'argent, ce n'est pas de la faute de la ville". 

Un contexte économique difficile

Le maire a également pointé l'évolution défavorable de la conjoncture depuis la signature des promesses de vente il y a deux ou trois ans. Le Covid et ses conséquences ont fragilisé de nombreuses entreprises, y compris dans le secteur du bricolage. Malgré ces difficultés, Marcel Bauer se dit confiant quant à l'aboutissement du projet, même s'il reconnaît ne pas "pouvoir prédire le temps".

La délibération a finalement été approuvée, avec l'abstention du groupe de Caroline Reys. Le maire, Marcel Bauer, évoque plus en détails cette situation.

Réorganisation de la Bibliothèque Humaniste

Forte du succès croissant de la Bibliothèque Humaniste (74 000 visiteurs en 2024), la ville procède à une réorganisation du service fusionné avec celui de Ville d'art et d'histoire. Un poste de responsable de la médiation et de la programmation culturelle sera créé, avec la mise en place de binômes pour assurer la continuité des services.

Caroline Reys s'est enquise du renouvellement du label "Ville d'art et d'histoire", regrettant que les élus minoritaires ne soient pas associés au processus. Le maire a assuré qu'une concertation citoyenne était toujours prévue d'ici fin juin et que les élus seront sollicités pour y participer.

Engagement environnemental renforcé

La ville a également approuvé son adhésion au Plan Herbe Ried Vivant, initiative de préservation des prairies naturelles du Ried portée par plusieurs collectivités. Cette convention de cinq ans vise à maintenir les surfaces en herbe, soutenir l'élevage herbager et contribuer à la protection de la biodiversité et des ressources en eau.

Denis Digel a salué l'engagement historique de Sélestat dans les politiques de préservation des espaces herbagers depuis les années 90, faisant de la ville une pionnière en la matière.

Propos recueillis par Anaïs Follenius / @ Crédit photo : CITIVIA